Le
château Saint-Ange (en italien,
Castel Sant'Angelo) est un monument romain, situé sur la rive droite du
Tibre, face au
pons Ælius (actuel pont Saint-Ange) non loin du
Vatican.
Sous l'empire romain
Article détaillé : . Décidé par l'empereur Hadrien en 135 pour être son Mausolée, le bâtiment se veut le pendant du tombeau d'Auguste : celui-ci est situé au nord du Champ de Mars (Rome), sur la rive gauche du Tibre, alors que le Mausolée d'Hadrien se place sur la rive droite, en face du Champ de Mars. En outre, l'allure générale des deux édifices est similaire. Il est achevé par Antonin le Pieux en 139. Le monument, une rotonde massive en Travertin recouvert de Marbre, est surmonté d'un quadrige de bronze mené par l'empereur Hadrien figuré en soleil et d'un bosquet d'arbres funéraires. Les cendres d'Hadrien y sont déposées en 139. Caracalla est le dernier empereur à s'y faire ensevelir.
Très vite, le bâtiment est détourné de ses fins funéraires pour devenir militaire. Il est intégré à la muraille aurélienne en 403, en tant que bastion avancé. Quand le Goth Vitigès attaque Rome en 537, les soldats défendant le castellum se servent des statues de bronze qui le décorent comme projectiles. En 547, Totila inclut l'édifice dans une structure fortifiée protégeant la rive droite. Le quartier prend ainsi le nom de Borgo.
Sur la rive droite du Tibre se dresse le Château Saint-Ange: monument emblématique de l'histoire de Rome. De l'Antiquité à nos jours, le monument se renouvela constamment sans cesser d'exister.
Construit au IIe s. comme mausolée de l'empereur Hadrien, il devint forteresse au Ve s. et prit le nom de l'Archange Saint Michel : depuis le VIe s. la statue de l'Ange, du haut de la tour, annonce aux Romains la fin de la peste en rengainant son épée. Les Papes de la Renaissance y firent construire de nouvelles salles décorées de stucs et de fresques. Mais ce fut aussi, jusqu'à 1870, une redoutable prison dont personne ne s'échappa. Du haut de la terrasse, on a une vue splendide sur Rome et sur le Vatican.
En quelques minutes, en promenade par la Via della Conciliazione, on se trouve sur la Place Saint-Pierre. Réalisation scénographique du Bernin, la plupart des cérémonies du Vatican s'y déroulent à notre époque, depuis l'audience habituelle du mercredi et à l'Angelus du dimanche jusqu'aux grandes bénédictions Urbi et Orbi de Pâques et de Noël. Introduction parfaite à la majesté de la Basilique Saint-Pierre dont la visite seule permet de comprendre la grandeur : de la Pietà de Michel-Ange à la statue de Saint Pierre d'Arnolfo di Cambio, les monuments scandent les trois nefs et mènent vers le Baldaquin du Bernin au-dessus de l'autel pontifical et sous la coupole de Michel-Ange.
Cette visite associe deux monuments très différents, mais qui symbolisent tous les deux la Rome Éternelle.
Visite guidée: durée 3 h. Elle associe la visite du Château Saint-Ange avec celle de la Basilique Saint Pierre en incluant la visite des Tombes sous la Basilique.
Sous la papauté
Le château tire son nom actuel d'une légende apparue au
IXe siècle, au sujet de la grande
Peste de
590. Le
Pape d'alors,
Grégoire Ier, aurait eu une apparition de l'
archange Michel, au sommet du château, remettant son épée au fourreau, signifiant ainsi la fin de l'épidémie. Pour commémorer l'événement, une statue d'ange coiffe l'ouvrage (d'abord un marbre de Raffaello da Montelupo datant de
1544, et depuis
1753, un bronze de Pierre van Verschaffelt). En fait, la légende explique
a posteriori la présence d'une chapelle dédiée à l'archange par
Boniface IV au
VIIe siècle. La tradition consistant à coiffer un édifice d'un être ailé est ancienne : presque tous les édifices du
Forum romain étaient couronnés de Victoires ailées.
Au début de l'époque chrétienne, le quartier du Borgo jouit de sa localisation à proximité du Vatican : les pèlerins affluant, des structures se mettent en place pour les accueillir. Cependant, en 846, les Sarrasins font une incursion soudaine dans la ville, pillent la basilique Saint-Pierre et dévastent le Borgo. Pour le protéger, Léon IV le relie par une muraille au château. La zone ainsi délimitée forme la « cité léonine ».
Le château est ensuite transfomé en prison, où quatre des papes du IXe siècle trouvent la mort. Marousie, fille de Théophylacte et figure de proue de la Pornocratie, en fait sa résidence. Le château passe ensuite à la puissante « famille » des Crescenzi ("castellum Crescentii"). C'est là qu'en 998, Crescentius Nomentanus se barricade face aux assauts d'Otton III — en vain, car il finit décapité sur la plate-forme de la citadelle. Durant la longue lutte opposant le pape à l'Empereur, le château devient un refuge pour les papes. Grégoire VII s'y retranche en 1083 pour résister à Henri IV et en 1227, Nicolas III bâtit un couloir suspendu reliant le château au Vatican, offrant ainsi une possibilité de fuite rapide. C'est à cette époque que, pour contrer les Colonna, possesseurs du mausolée d'Auguste, la puissante famille Orsini, dont est issue Nicolas III, s'adjuge le château.
Quand Urbain V quitte Avignon pour rentrer à Rome, il se fait remettre non les clefs de la ville mais celles du château, lequel reprend son rôle de forteresse protégeant le Vatican. Son successeur, Grégoire IX, doit cependant subir l'hostilité du peuple romain. En 1378, la foule démantèle une bonne partie de l'édifice. En 1389, Boniface IX restaure le château à demi en ruines. Il y fait percer une large rampe permettant le transport de vivres et de munitions. Des meurtrières sont creusées dans les murailles. Enfin, des logements sont aménagés pour le pape. Nicolas V ajoute à l'édifice des bastions et deux tours. Ces aménagements permettent à Clément VII de résister six mois au siège des lansquenets de Charles Quint lors du terrible sac de Rome de 1527.
Son successeur, Paul III, transforme l'austère forteresse en palais. Parallèlement, le château Saint-Ange ne perd pas son statut de prison. Selon la tradition, Benvenuto Cellini y est ainsi enfermé. Jusqu'au XIXe siècle, le château servira à la papauté de prison politique. Le 21 juillet 1871, le drapeau pontifical est amené pour la dernière fois par les troupes pontificales, sous les yeux de l'armée italienne, qui prend possession du lieu.
Restauré au début du XXe siècle, le château Saint-Ange est isolé des constructions aux alentours de 1934.
Voir aussi
Bibliographie
- q.v., Dictionnaire historique de la papauté, s. dir. Philippe Levillain, Fayard, Paris, 2003 (ISBN 2-213-618577) ;
- (en) M. Borgatti, Castel San Angelo in Roma, Rome, 1890.
Liens externes